– Notre lettre au Conseiller d’Etat Philippe Demierre –

Monsieur le Conseiller d’Etat,

Depuis bientôt deux ans, nous sommes profondément sidéré·e·s et bouleversé·e·s par les souffrances endurées par la population gazaouie et en grande partie par des enfants. Aujourd’hui, les mots manquent pour décrire l’horreur et l’ampleur du massacre en cours, qui met à mal notre humanité commune.

Les hôpitaux de Gaza, déjà au bord de l’effondrement il y a des mois, sont aujourd’hui dans un état de destruction quasi totale. Selon l’OMS, il ne resterait plus que 1’900 lits d’hôpital fonctionnels, alors que le nombre de blessé·e·s depuis le 7 octobre dépasse les 140’000. Le système de santé a presque été réduit à néant, incapable de fournir les soins de base à une population dévastée par les bombardements, les rafales de tirs et, plus dernièrement, par une famine extrême utilisée comme arme de guerre par Israël. D’après Médecins sans Frontières, un quart des enfants ainsi que des femmes enceintes et allaitantes souffrent désormais de malnutrition.

Les ONG, y compris celles reconnues internationalement, sont non seulement débordées et cruellement dépourvues des moyens nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires, mais également délibérément entravés dans leur travail. Dans ce contexte, de nombreuses personnes blessées ne peuvent être soignées sur place et ont besoin d’une évacuation médicale urgente. 

Fin 2024, l’ONU et l’UNICEF estimaient que 2’500 enfants étaient en danger de mort imminente. Ce chiffre, déjà dramatique, a très probablement augmenté depuis, en raison de la famine qui touche massivement la population. Or, à ce jour, les évacuations se font à un rythme dramatique : moins d’un enfant par jour. À ce rythme, il faudrait plus de sept ans pour évacuer les enfants actuellement en détresse vitale. 

Des initiatives, bien que rares, ont déjà démontré que de telles opérations sont possibles. Depuis 2024, plusieurs enfants ont pu être évacués de Gaza vers des pays européens pour y recevoir des soins urgents, dans un cadre coordonné par différents partenaires, dont l’OMS. En janvier dernier, quatre enfants gravement blessés ont été transférés vers une clinique privée à Genève, grâce à une opération menée avec l’ONG Children’s Right for Healthcare, dans le cadre de soins orthopédiques, reconstructifs et neurologiques.

Aujourd’hui, l’OMS cherche activement des places d’hôpitaux disponibles pour prendre en charge des enfants de Gaza. Par ce courrier, nous vous demandons d’œuvrer pour que le Canton de Fribourg, en collaboration avec l’Hôpital fribourgeois (HFR), mette à disposition des places de soins pour accueillir et traiter des enfants blessés en provenance de Gaza. Cette action implique l’engagement immédiat des démarches administratives, logistiques et financières nécessaires, en coordination avec les autorités fédérales et les organisations humanitaires compétentes.

Nous avons confiance dans l’engagement éthique et humanitaire de la DSAS et de l’HFR et espérons que vous saurez examiner cette demande avec toute l’attention qu’elle mérite. Nous restons à disposition pour en discuter. Veuillez recevoir, Monsieur le Conseiller d’Etat, l’assurance de notre haute considération. 

Thomas Gremaud et Valérie Piller Carrard