Le Conseil d’État fribourgeois a présenté aujourd’hui les grandes ligne de sa mise en oeuvre de l’initiative fédérale sur les soins infirmiers. Celle-ci passe complètement à côté des défis rencontrés par la profession, tels que la forte pénibilité du travail, le sous-effectif chronique ou sa faible valorisation, faisant en sorte que près d’un·e inifirmier·e sur deux quitte prématurément le métier.
Avec l’objectif de mettre en oeuvre l’initiative pour des soins infirmiers forts, la DSAS annonçait en grande pompe en 2021 confier un mandat à la Haute Ecole de Santé pour identifier les facteurs permettant de rester plus longuement dans la profession infirmière. Très complet, le rapport présente 20 recommandations. Dans sa mise en oeuvre, le Conseil d’Etat n’en effleure même pas un tiers, écartant les principales recommandations et choisissant soigneusement celles exigeant le moins d’effort et de ressources financières.
Alors qu’une augmentation des effectifs est le principal levier pour favoriser le maintien dans la profession, tout en renforçant la sécurité des patient·e·s, le Conseil d’Etat refuse d’entreprendre quoi que ce soit pour ajuster la dotation en personnel et ainsi permettre aux infirmier·e·s de faire pleinement face à leur réelle charge de travail. A titre de comparaison, le canton du Valais s’est lui pleinement saisi de la problématique et a alloué des moyens ayant permis à l’Hôpital du Valais d’engager 40 équivalents temps plein supplémentaires. En lieu et place, la création d’un pool de permanence mobile – qui existe en réalité déjà et dont le financement n’est pas assuré – pour palier aux absences, apparaît bien insuffisante.
Le message du Conseil d’Etat est clair: il ne compte pas non plus rendre la profession plus attractive. La profession infirmière demeure sous-rémunérée au regard du haut degré de technicité ainsi que des compétences scientifiques, relationnelles et humaines qu’elle exige. L’un des objectifs de l’initiative était clairement de revaloriser la profession. Les cantons de Vaud et du Valais l’ont bien compris, puisqu’ils ont tous les deux annoncé une hausse des salaires et des indemnités de nuit. A Fribourg, aucune augmentation de ce type n’est envisagée.
Si le Conseil d’Etat ne revoit pas sa copie, la pénurie de personnel soignant perdurera. Pire encore, elle pourrait bien s’accentuer si le Canton ne s’aligne pas sur ce qui se fait ailleurs.
« La proposition du Conseil d’Etat est
un manque de respect envers les
infirmier·e·s et envers l’immense
majorité des Fribourgeois·e·s qui a
voté oui à l’initiative dans l’espoir de
revaloriser les soins infirmier. »
Simon Zurich
Député